Nous faisons aujourd’hui face à des canicules généralisées, des glaciers qui s’effondrent ou encore des tempêtes aux intensités et à la fréquence rarement observées. Tous ces phénomènes sont des conséquences plus ou moins directes du dérèglement climatique, lui-même causé par une suraccumulation des GES (gaz à effet de serre) dans l’atmosphère. Pour la réduire et capter ces gaz, les arbres, grâce à leur photosynthèse, représentent une stratégie efficace de captation de CO2, un des principaux GES.
Pourtant, on observe que malgré ces enjeux, entre 13 et 15 millions d’hectares de forêt disparaissent encore chaque année. 80% de cette déforestation est directement imputable à l’agriculture ; en cause, un besoin sans cesse accru de terres agricoles et porté par une population croissante, -annoncée à au moins 9,5 milliards en 2050-. Alors, comment continuer à nous nourrir sans pour autant causer de dommages à nos forêts ? Voyons comment l’agroforesterie peut nous aider.
Quels sont les principes de l’agroforesterie ?
Il s’agit d’un mode de production agricole associant des plantations d'arbres et d'autres cultures sur une même parcelle.
L’objectif de cette combinaison est de permettre aux espèces de s’aider les unes les autres et de tirer profit de leur atouts respectifs. Un système de différenciation des « couches », appelées strates, permet aux espèces de s’entraider aussi bien en surface que dans le sol. Les arbres, plus espacés les uns des autres, ont plus de place pour développer leurs branches et leurs racines. Les cultures bénéficient quant à elles, d’un meilleur recyclage des nutriments grâce à l’activité intense en mycorhizes (association symbiotique entre un champignon et des racines de végétaux qui permet d’absorber plus d’eau) mais aussi d’une protection contre le vent, les pluies violentes et la grêle apportées par les arbres.
Les systèmes agroforestiers jouent aussi un rôle important dans la prévention de l’érosion et de l’amélioration de la fertilité des sols grâce à la chute de leur feuilles qui permet une fixation de l’azote et dépose à la surface des minéraux, provenant des couches profondes du sol. Cette association d’arbres et d’agriculture permet ainsi d’optimiser les ressources naturelles, de capter du CO2 et d'augmenter la productivité globale des terres.
Quels sont les différents modes d’agroforesterie ?
L’agroforesterie repose sur des principes universels cependant, chaque agriculteur invente, expérimente, adapte, pour développer les pratiques optimales et répondre à ses contraintes et ses objectifs de production. Les modèles agroforestiers diffèrent donc en fonction des milieux. Par exemple, on retrouvera dans une plantation située en Amérique latine, des arbres tels que le cacaoyer qui s’accommode aux des sols humides, alors qu’on observera plus de figuiers dans les régions méditerranéennes.
Les systèmes agroforestiers sont variés et il existe plusieurs types d’associations de cultures. Parmi elles, on identifie des cultures intercalaires en vergers fruitiers (exemple d’agroforesterie combinée), des parcelles entourées d’arbres ou de haies comme délimitation, appelées bocages (exemple d’agroforesterie séparée) mais aussi du sylvopastoralisme, un mode d'agriculture durable qui concilie objectifs forestiers et pastoraux. Dans ce dernier exemple, les animaux bénéficient de l’ombre créée par les arbres et de la qualité du pâturage, et en même temps, les sols sont fertilisés via les rejets des animaux, ce qui engendre des échanges vertueux. Par ailleurs, les différentes denrées produites par le système agroforestier constituent autant de sources de revenus pour l’exploitants.
Quels sont les avantages pour l’agriculteur?
Les agriculteur qui utilisent des systèmes agroforestiers peuvent créer des associations de plantes complémentaires, plus aptes à se protéger mutuellement et ainsi diminuer drastiquement le besoin d'engrais mais surtout de pesticides. En effet, dès sa plantation, l'arbre enfonce naturellement ses racines plus profondément que les cultures qui l’entourent. En agissant de la sorte, il augmente l’exploitation du sol en profondeur et favorise la remontée capillaire de l'eau profonde. Cela permet aux pluies s’infiltrer plus facilement dans le sol pour ensuite recharger la nappe phréatique. Les arbres résistent ainsi mieux aux sécheresses et à la chaleur.
La productivité des cultures est augmentée, l’utilisation d’intrants diminuée, les ressources sont optimisées et les sols regénérés, autant d’avantages pour l’agriculteur se tournant vers l’agroforesterie.
Quels sont les impacts sur l’environnement ?
L’agroforesterie est un des panels de techniques dont dispose l’agroécologie pour transformer une agriculture plus durable. Les arbres, dans un systèmes agroforestier, créent, grâce à l’optimisation de la photosynthèse, un puit de carbone, à la fois dans leur bois mais aussi dans le sol qui est enrichi en profondeur en matière organique. D’autres impacts pour lutter contre l'érosion et la salinisation des sols ainsi que les risques inondations sont notables.
L’agroforesterie crée également une forte diversité aussi bien végétale qu’animale. On peut noter une diversité faunistique importante avec l’arrivée d’insectes pollinisateurs dans les cultures ou encore de petits mammifères, d’auxiliaire de culture ou encore de faune aviaire. Les plantations agroforestières peuvent ainsi devenir des îlots («biodiversity shelters») refuges pour le vivant, lui-même permettant une meilleure productivité agricole.
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