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Des sols agricoles de plus en plus pauvres ?

Le sol est la partie vivante de la croûte terrestre. Quand la roche mère (partie la plus ancienne de la croûte terrestre) se dégrade (notamment à cause du climat), elle est ensuite enrichie par différents apports organiques (faune, flore, microorganismes) au fur et à mesure de leur décomposition. Ce phénomène permet ainsi le développement d’un grand nombre d’organismes vivants (bactéries, champignons, invertébrés, végétaux ou encore certains mammifères) qui vont eux même remplir différentes fonctions nécessaires au maintien de la vie sur terre.


En ce sens, les femmes et hommes sont eux aussi, fortement dépendant du sol car de ce dernier est le support de toute production alimentaire. Représentant environ 6,4% de la superficie terrestre, les sols cultivables sont donc une ressource rare qu’il faut préserver car leur sur surexploitation peut avoir des conséquences irréversibles sur plusieurs dizaines d’années.


Pourtant, aujourd’hui, les sols cultivables sont de plus en plus menacés par de multiples dégradations physiques, chimiques et biologiques qui ont une conséquence directe sur les rendements agricoles.


Mais finalement, quelles sont ces pratiques qui contribuent à une dégradation de la structure des sols et comment s’en abstraire sans faire baisser les rendements agricoles ?



Catégories dominantes de couverture des sols. Source : https://www.fao.org/3/cb7654fr/cb7654fr.pdf



Qu’est-ce qu’un sol en bonne santé ?


Les sols abritent 25% de la biodiversité de la planète. On y retrouve des micro-organismes (bactéries, champignons…) et une faune très développée (de l’acarien à la taupe). Ces êtres vivants prennent part à la chaîne alimentaire qui permet la décomposition de la matière organique. De cette dernière découlent la présence des nutriments indispensables à la croissance des plantes. Un sol en bonne santé est donc avant tout un écosystème vivant qui permet d’assurer la croissance végétale sur le long terme. On y retrouve plusieurs couches : la végétation (matière végétale vivante ou en décomposition), l’humus (riche en matière organique décomposée, contient des nutriments vitaux pour les végétaux) et une couche arable riche en minéraux (dont la composition est modifiée par les cultures au fil des années), puis un sous-sol et une roche-mère.


La santé des sols se caractérise par leur capacité à absorber l’eau car cette dernière est le support de la toute la vie du sol. Pour que cette absorption puisse se faire il est important que le sol soit poreux et permette une infiltration de l’eau en profondeur. Cette porosité est la conséquence de la présence d’organismes (comme le vers de terre) qui décomposent la matière et creusent les pores. Les pesticides, en s’attaquant directement aux microorganismes, stoppent ce phénomène et empêche l'eau d’hydrater et de vitaliser l’ensemble du sol.


La bonne santé des sols est aussi le garant du fonctionnement du cycle du carbone terrestre. L’ensemble des couches superficielles du sol constitue des réservoirs de carbone de la planète, le plus important après les océans. Les plantes absorbent des gaz présents dans l’atmosphère, dont le dioxyde de carbone, et rejettent du dioxygène. C’est ce qu’on appelle le processus de photosynthèse. Une autre partie sera rejetée. A l’inverse, plus les sols sont artificialisés ou dénudés de végétation, moins ils ont la capacité de stocker du CO2, ce qui dérègle le cycle du carbone.



Les supers pouvoir des sols. Source : https://www.adaptation-changement-climatique.gouv.fr/thematiques/sols



Quelles sont les causes de l'appauvrissement des sols ?

On considère un sol appauvri ou dégradé lorsqu’il est dans l’incapacité de soutenir une culture, maintenir une qualité environnementale et promouvoir la santé végétale et animale. C’est par exemple le cas lorsqu’il n’apporte plus les nutriments nécessaires au développement des végétaux ou bien lorsqu’il ne peut plus retenir et filtrer l’eau. Autrement dit, le sol est dégradé lorsqu’il ne peut plus assurer les services écosystémiques d’approvisionnement, de régulation et socio-culturels.


Il existe des facteurs naturels (érosion, inondations, sécheresse) qui participent à l’appauvrissement des sols, mais les principales causes de leur dégradation sont anthropiques (agriculture intensive, déforestation, surpâturage, pollution ou encore urbanisation). L’intensification agricole (augmentation de la productivité, mécanisation, remembrements, surpâturage ou encore déforestation) à l'oeuvre depuis la révolution verte des années 1950 a entrainé un processus continu d'appauvrissement des sols. Même si ce modèle a permis de sortir les populations du risque de famine après-guerre, il a aujourd’hui atteint ces limites (29% des sols dégradés le sont à cause de l’agriculture).


Focus sur 4 des principaux facteurs d’appauvrissement des sols :


L’érosion des sols, qu’elle soit hydrique ou éolienne, est une des causes majeures de dégradation des sols C’est le processus par lequel l’eau ou le vent détachent et emportent des particules du sol. Les dégâts causés sont parfois lourds, le sol est entaillé et les cultures deviennent impossibles. Même si ce phénomène est naturel, il est souvent amplifié par l’agriculture intensive qui tasse le sol et empêche l’eau de s'infiltrer, ce qui crée des phénomènes de ruissellement.


L’élevage peut également avoir des conséquences néfastes sur le sol. En effet, un pâturage non contrôlé peut empêcher la végétation de se regénérer. Même lorsqu'il n'y a pas de surpâturage une mauvaise prise en compte des paramètres naturels peut également provoquer un appauvrissement du sol. Par exemple, un sol en pente nécessite de prêter plus d’attention sur le renouvellement de la végétation et donc un pâturage encore plus raisonné.


Par ailleurs, le piétinement du bétail et l’utilisation d’engins mécaniques lourds sont responsables d’un tassement des sols qui est dommageable pour la biodiversité. Lorsque le sol se tasse, la porosité diminue et l’air et l’eau circulent moins bien. Les conséquences biologiques sont multiples : diminution de la faune, manque de nutriments pour les plantes. En Europe, la surface des terres compactées est estimée à 4% du toutes les terres.


Enfin la pollution chimique (nitrate, phosphate, pesticides) des sols participe également à sa dégradation. L’utilisation excessive de produits agrochimiques pour accroître les rendements de la production provoque une disparition de la biodiversité. Sous l’effet du ruissellement et du drainage, l’eau douce et les aliments que nous consommons peuvent être contaminés et devenir dangereux.


L’agriculture de conservation, une solution permettant de répondre à tous les enjeux ?


Après la deuxième guerre mondiale, l’agriculture a intensifié son modèle en choisissant de développer la monoculture afin de poursuivre un objectif de productivité et de rentabilité. Aujourd’hui, le secteur agricole doit faire face à de nouvelles contraintes telles que la réduction et l’appauvrissement des surfaces cultivables et à de nouveaux défis (dérèglement climatique). Dans le même temps, il doit continuer à nourrir une population grandissante. Le nouveau défi est alors de continuer à produire tout en réduisant l’empreinte écologique de de l’activité et en préservant les ressources naturelles pour les générations futures.


La poursuite de cet objectif ne peut aujourd’hui plus se faire selon le même modèle d’agriculture conventionnelle qui laisse le sol à nu durant une partie de la culture provoquant ruissellement, érosion et perte de la biodiversité.


Afin de lutter contre l’appauvrissement des sols, de nombreuses méthodes de culture sont sans cesse testées, améliorées, travaillées... Parmi elle, on retrouve l’agriculture de conservation.


Il s’agit d’un système cultural qui favorise le maintien d’une couverture permanente du sol. Les bénéfices de cette technique permettent :

- De minimiser les causes naturelles de l’appauvrissement des sols (érosion, ruissèlement)

- De renforcer la biodiversité et les processus biologiques naturels au-dessus et au-dessous de la surface du sol.


Lorsqu’il y a une couverture permanente du sol, on observe une nette augmentation de l'efficacité de l'utilisation de l'eau et des nutriments et une amélioration importante de la production végétale. Cette méthode permet de prévenir l’appauvrissement des sols et la régénération de terres dégradées.


L’agriculture de conservation préconise une utilisation minimale des engins mécaniques afin de limiter le compactage. Par ailleurs, cette méthode va souvent de paire avec une application optimale des produits agrochimiques et les éléments nutritifs pour les plantes afin qu'ils n'interfèrent pas avec les processus biologiques ou ne les perturbent pas.


L’agriculture de conservation facilite une bonne agronomie par des interventions bien ciblées dans le temps et améliore la gestion globale des terres pour la production pluviale et irriguée. Complétée par d'autres bonnes pratiques (utilisation de semences de qualité) l’agriculture de conservation constitue une base pour l'intensification durable de la production agricole. Elle ouvre des possibilités importantes d’intégration de culture-élevage ou d’arbres et pâturages dans les paysages agricoles.


Le plus souvent, cette méthode agricole permet de conserver les propriétés du sol. Néanmoins, il existe des situations où le sol est tellement appauvrit qu'il n'est plus question de conservation mais de regénération afin de recréer un sol de qualité permettant l'agriculture.


Ainsi, c'est la mission que s'est donnée Sand to Green, refertiliser les sols désertiques, afin de pouvoir y développer des plantations agricoles permettant de nourrir les femmes et les hommes de demain.


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